Je me souviens tellement de ce nom, "Amoco Cadiz", entendu des dizaines de fois à la télé et à la radio étant tout gamin, sans savoir du tout de quoi il s'agissait ........
Il y a donc 41 ans, le 16 mars 1978, à 21 h 39, l’Amoco-Cadiz touchait le fond à
moins de deux milles des côtes du Finistère. En perdition depuis des
heures, privé de gouvernail et d’ancre, le pétrolier battant pavillon du
Liberia mais armé par la compagnie américaine Standard Oil, avait déjà
heurté les récifs devant la plage de Portsall quelques minutes plus tôt.
Il n’allait pas tarder à relâcher les 227000 tonnes de brut et de
fioul qu’il transportait, engendrant la pire marée noire survenue en
Europe au XXe siècle.
Des dizaines de
milliers d’oiseaux de mer vont périr ; 30 % de la faune et 5 % de la
flore marines vont être détruits sur une surface de 1300 km2,
selon les décomptes de l’association Bretagne vivante ; plus de 360 km
de littoral seront souillés. Le choc est immense et laisse des images
indélébiles : une foule de volontaires au ciré jaune maculé de noir, des
goélands englués dans une mer opaque et lourde, un mat qui a mis des
mois à disparaître à l’horizon.
Et plus tard, une inédite délégation de
maires de communes bretonnes ceints de leur écharpe tricolore dans les
rues de Chicago, en route – contre l’avis du gouvernement de l’époque –
vers la cour fédérale de l’Illinois, qui allait leur accorder
réparation. La maison mère du pétrolier, la Standard Oil, est condamnée.
Elle versera 220 millions de francs (33,5 millions d’euros) aux
collectivités bretonnes et 160 millions d’euros à l’Etat français. Une
première dans l’histoire du droit de l’environnement, même si la
procédure traîne pendant quatorze ans.Les leçons de la catastrophe
Le naufrage de l’Amoco-Cadiz,
survenu après une série d’autres au large des côtes de la région dans
les années 1960 et 1970, secoue les pouvoirs publics. Ces derniers
décident de se doter des moyens de prévenir les accidents grâce à la
surveillance des navires et de s’équiper pour pouvoir réagir en urgence.
Le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les
pollutions accidentelles des eaux est créé dans la foulée, à Brest. Son
laboratoire est capable de déterminer l’« ADN » d’une boulette de
pétrole, autrement dit de savoir de quel navire elle provient. En outre,
une commission voit le jour qui débouchera sur la mise en place du
Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution, expert en
techniques et matériels de lutte contre les marées noires. Mais on sait
que dans une mer déchaînée, qu’on les disperse ou qu’on tente de les
contenir par des barrages, les nappes de pétrole réagissent rarement
selon les prévisions.
A l’occasion des vingt ans du naufrage de l’Amoco-Cadiz, en 1998, les pouvoirs publics se félicitaient des leçons tirées de la catastrophe. Peu après, le 12 décembre 1999, l’Erika
chargé de 30000 tonnes de fioul lourd se brisait à son tour au large
des côtes du Finistère, à Penmarc’h. Alors à Portsall, l’ancre de l’Amoco-Cadiz trône sans doute pour longtemps encore au-dessus de la plage, comme un rappel des risques du transport maritime.
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