Nombre total de pages vues

jeudi 31 décembre 2020

106 ans après la Grande Guerre, les corps de 5 Poilus identifiés dans les Ardennes, des descendants retrouvés

 Les restes de 14 soldats de la Première Guerre mondiale ont été mis au jour l'été dernier au Châtelet-sur-Retourne. Cinq d'entre eux ont pu être identifiés, parmi lesquels le capitaine Etienne d'Hotelans. Sa famille a accueilli la nouvelle avec une grande émotion.


Tout commence par des silos agricoles, au Châtelet-sur-Retourne. Leur propriétaire porte un projet d'extension. Dans le Sud des Ardennes, terres de combats des Première et Deuxième Guerres mondiales, la Direction régionale des Affaires culturelles prescrit quasi-systématiquement un diagnostic archéologique préalable aux chantiers de ce type.

Durant l'été 2020, des fouilles sont donc menées par la cellule archéologique du Conseil départemental des Ardennes. Sont découverts des traces d'implantation gauloise et, dans une tranchée de cinquante centimètres de large et cinquante centimètres de profondeur, des restes humains.



Des fouilles complémentaires menées en septembre par la Direction régionale des Affaires culturelles permettent d'établir que les ossements sont ceux de 14 soldats. Commence un travail d'enquête pour tenter de les identifier.

Cinq corps identifiés

Les premiers indices sont immédiats. Les hommes ont été inhumés dans leurs uniformes. Ce sont des soldats de la Première Guerre mondiale. On retrouve des boutons de capote militaire portant le dessin d'une ancre de marine. Les soldats appartenaient donc à l'infanterie coloniale du Maroc.


Les 6e, 7e et 9e bataillons étaient composés de soldats métropolitains chargés de maintenir l'ordre au sein du protectorat français du Maroc. Rappelés en urgence pour tenter d'arrêter l'offensive allemande, leurs hommes débarquent à Sète le 17 août 1914 et prennent part aux combats du Châtelet-sur-Retourne le 1er septembre 1914. Un déluge d'obus s'abat sur les troupes françaises. Bilan : 18 tués, 160 disparus.

Les archéologues découvrent également des plaques d'identité militaire. Cinq sont lisibles. Les cinq autres non. Des galons de capitaine trouvés également dans la tranchée permettent de mettre un nom très rapidement sur l'un de ces corps. "Il n'y avait qu'un seul capitaine engagé ce jour-là, dans ces combats", relève Stéphane Jocquel, chef de secteur en charge des sépultures de guerre à l'Office national des anciens combattants. Il s'agit donc du capitaine Etienne d'Hotelans. 


À Metz, l'Office national des anciens combattants et son service de l'Etat civil militaire épluche journaux de marche, livrets de famille et arbres généalogiques. Au total, cinq des 14 soldats inconnus retrouvent leur identité. Les mairies de leurs communes natales sont contactées. Pour le capitaine, on retrouve des descendants indirects. 

Etienne d'Hotelans est mort sans enfant. Ce sont donc les petits-enfants et arrière-petits-enfants de son frère Henri qui sont informés.

106 ans sans nouvelles !

La nouvelle de la découverte des restes du capitaine Etienne d'Hotelans, accueillie avec étonnement et émotion par la famille, conclut une improbable série de coïncidences qui ont rythmé l'année 2020.

"Il y a quelques mois, nous avons reçu un coup de téléphone du diacre de la paroisse de Meknès, au Maroc, qui m'informe de la découverte d'une plaque de marbre honorant la bravoure du capitaine Etienne d'Hotelans blessé lors de la bataille de Zrarka en mars 1914. Nous ne connaissions même pas l'existence de cette plaque !", raconte Eric d'Hotelans, petit-neveu du capitaine Etienne d'Hotelans


La stèle est restituée à la famille qui demande au maire de Chénas, commune natale d'Etienne d'Hotelans, dans le Beaujolais, l'autorisation de l'apposer dans l'église du village. C'est dans son courrier de réponse que le maire informe la famille de la découverte des restes du capitaine, dans les Ardennes.

Certains voudront y voir une série de hasards, d’autres un signe du ciel envoyé par Etienne - Eric d’Hotelans

Cultiver la mémoire

Plus d'un siècle après sa disparition, le souvenir du capitaine Etienne d'Hotelans est resté très vivace chez ses descendants. Tout le monde a lu le livre de famille qui lui consacre de larges pages. On y apprend notamment qu'il fut un proche du maréchal Lyautey.

On nous a beaucoup parlé du capitaine d'Hotelans. Mon grand-père Henri et sa soeur Marie sont même allés au Châtelet-sur-Retourne avec un ancien frère d'armes qui l'avait vu tomber - Eric d’Hotelans, petit-neveu du capitaine Etienne d’Hotelans

Deux neveux du capitaine se sont prénommés Etienne, comme lui, et ont également embrassé une carrière militaire. Pour Romé d'Hotelans, arrière-petit-neveu du capitaine mort pour la France, Etienne d'Hotelans est un modèle de vie : "On sait par les écrits que mon oncle était prêt à tout pour son pays, qu'il s'est engagé très jeune, qu'il a préféré mettre en avant son métier que sa vie personnelle".

Transmettre le souvenir

Pour perpétuer le souvenir, un nouveau livret de famille lui sera consacré. Les descendants recevront également des objets personnels que les archéologues ont également trouvés lors des fouilles. Une médaille de baptême et un crucifix qu'il avait en poche alors qu'on l'envoyait combattre au sacrifice de sa vie. Et une chevalière qui porte les armoiries de la famille.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire