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samedi 11 octobre 2025

 Annette, première guillotinée de la Loire, à Saint-Haon-le-Châtel : la paysanne était accusée de parricide

Il y a 185 ans, le 22 avril 1840, Annette Dufour, une jeune femme de 21 ans native d’Arcon, a été guillotinée à Saint-Haon-le-Châtel. Cette paysanne était accusée de parricide.

La patience a des limites. Et une fois un certain stade franchi, certaines personnes sont capable de tout. Même du pire. Le 27 octobre 1839, Annette Dufour a craqué. « Elle s’est rebiffée », dit même Claire Van-Kinh, auteure.
Les relations d’Annette Dufour avec son père, Jean, sont très compliquées. Au XIXème siècle, la figure masculine domine dans le foyer. « Il avait tous les droits car c’est lui qui ramenait le pain sur la table. » Et quand ce dernier se met à boire, il devient violent envers sa femme et sa fille. « Quand il était dans le vin, il en faisait voir affreux », racontait la native d’Arcon, Annette Dufour, lors de son procès.
Après de multiples querelles, elle organise avec son beau-frère, Claude Bouffaron, un plan pour l’éliminer. Dans la nuit du 17 au 18 juin 1839, les deux protagonistes se cachent dans des buissons. Armés d’un fusil, ils attendent le passage de Jean Dufour, qui se rend à Roanne. Mais Claude Bouffaron hésite à tirer. Annette Dufour, elle, est déterminée à aller au bout de son acte. Elle arrache l’arme des mains de son beau-frère. Le plomb loupe sa cible. « Elle vise trop haut », précise Claire Van-Kinh, qui relate cette histoire dans son ouvrage Un jour de neige et de brume .

Cet échec est rapidement oublié. Les deux natifs d’Arcon continuent de comploter. « Les voisins les ont vus avoir des discussions secrètes. » Ils élaborent un nouveau plan. Mais, le beau-frère est hésitant. Il prête toutefois son fusil à la jeune fille de 21 ans en octobre 1839. Le 27 octobre, elle attend que son père sorte d’une ferme voisine, celle des Collet. Une fois la porte ouverte, elle appuie sur la détente. Une première balle touche directement Jean Dufour dans la poitrine. La deuxième s’envole, à cause du recul de l’arme.

L’impact blesse grièvement l’homme mais ne le tue pas. Interrogé par les gendarmes, il profère des accusations contre sa fille et son gendre. Huit jours après ces accusations, le 4 novembre, il décède de ses blessures. L’auteure des faits et son complice ne sont pas arrêtés tout de suite. Pendant ce temps, Annette Dufour prend son baluchon, se coupe les cheveux et se sauve. « Elle se réfugie dans les montagnes des Monts de la Madeleine. C’est en plein hiver, c’est vraiment une battante. »

Le brigadier de gendarmerie Montellier se lance alors à la poursuite de la jeune fille. Pour l’arrêter, lui aussi élabore un plan avec deux de ses compagnons. Ils se déguisent en vieilles dames. « Il leur a fait raser les moustaches et enfiler des vêtements de paysanne. » Annette Dufour les croise et tombe dans le piège. Après 35 jours de cavale, elle est arrêtée.

Son procès se déroule aux assises de la Loire, à Montbrison, les 28 et 29 février. Ici, elle affirme par trois fois qu’elle « avait de grosses raisons » de passer à l’acte, mais sans les dévoiler. Plusieurs témoins sont interrogés, mais personne ne l’a vu tirer le jour des faits. Les personnes questionnées ne font remonter que les désirs de meurtre de la jeune fille de cinq pieds, un pouce (1,63 m aujourd’hui), à la carrure forte. « C’est une succession de points d’interrogation, de mystères, de non-dits », observe Claire Van-Kinh.

Elle est finalement condamnée à la peine de mort. Le 21 avril 1840, elle est extraite de la prison de Montbrison pour être amenée à Roanne. Le lendemain, un escadron l’escorte jusqu’à Saint-Haon-le-Châtel, lieu de l’exécution. Sur le chemin, elle demande une pause pour « prendre air » et lance : « Quelle belle journée pour mourir ». Sur la place du village, la guillotine et 6.000 personnes l’attendent. Ce jour-là, elle devient la première femme de la Loire à être guillotinée et la seule femme du Roannais à subir ce sort.

Son beau-frère, a été condamné à la prison à perpétuité. Peine effectuée à Toulon. Grâce à sa bonne conduite, Claude Bouffaron est transféré à la maison centrale de Belle-Isle-en-Mer. Là encore, sa bonne conduite joue en sa faveur. Il est libéré le 15 août 1870. Il rejoint à Arcon, son frère, avant de réinvestir sa ferme. Lieu de son décès.








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